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Outdoor Computer Club

CONSTAT

Dans les pays occidentaux, l'innovation est synonyme de plus grand (ou plus minuscule) plus puissant, plus complexe, plus rapide.1 Autour de nous se développent des Systèmes Techniques Macroscopiques2 comme le réseau électrique, Internet, les Smart Cities. En grandissant et en se perfectionnant, ils emploient des technologies plus avancées, complexes et incompréhensibles.

Notre vie est largement conditionnée par l'opération de ces systèmes/objets techniques. Plus ils deviennent complexes, plus le savoir est dépossédé des utilisateur·ices pour être centralisé dans les mains d'une élite ingénieure.
Nous ne savons pas comment fonctionne Internet. Nous ne savons pas comment marche un payement bancaire ni comment l'électricité arrive dans nos maisons.

Cette ignorance nous empêche de lire les rapports de pouvoir qui se jouent dans la gouvernance et l'opération de ces systèmes techniques.
On est assez incapable de voir les murs que Google dresse autour de nous, dans nos espaces virtuels. On est aussi incapable de lire l'impérialisme d'Orange en regardant les antennes de réseau se dresser sur les toits des immeubles.

Sans ces savoirs nous ne sommes pas non plus capable de dessiner des mondes nouveaux qui nous sont propres3. D'autres manières de communiquer à distance, d'autres manières de gérer notre énergie, d'autre façon de se déplacer, de s'organiser, de se divertir.
En fait, nous ne sommes pas capables d'occuper à notre manière nos espaces physiques et virtuels.

Les technologies de l'information et de la communication que nous employons nous embarquent avec elles dans le projet de l'innovation, tel qu'il est pensé par les grandes entreprises de la technologie et les états libéraux. Face aux ordinateurs et à leurs logiciels, face à internet et ses plateformes, on ordonne, on modélise, on scale up on entasse et on range de grandes quantités de données. Nous aussi, à l'échelle individuelle, on fait la course à la vitesse, au rendement, à la puissance, à la définition. C'est le déterminisme de la technologie de masse.

Pour espérer un monde guidé par d'autres moteurs que la productivité, le capital et la consommation, il faut redessiner une nouvelle culture technologique, qui s'incarnera dans les objets techniques que nous employons pour outiller nos activités, dans la manière de les utiliser, dans les environnements de leur implantation et dans les relations sociales que ces objets induisent. Le damaged earth catalog donne des pistes pour cette nouvelle philosophie technologique.

Pour imaginer cette culture technologique, il faut s'approprier la technique, la comprendre, que ce soit pour la développer ou l'abandonner.

PROJET

le Outdoor computer club est une plateforme/ecole en autogestion qui crée des opportunités de transmission et de diffusion de savoir-faire techniques.

1 Identifier les savoir-faires à investir

En premier lieu, nous dressons une liste de sujets, des technologies aussi obscures que communes. Les ondes radio, L'électricité, L'électronique, La mécanique automobile, L'Internet, Le réseau cellulaire, La reconnaissance faciale, Les batteries, Les smartphones.

2 Cultiver une nouvelle culture technologique

En cherchant à s'échapper du déterminisme néolibéral de la technologie, les expérience collectives du Outdoor Computer Club sont aussi l'occasion repenser notre manière de faire avec la technologie. En la détournant, en la reconstruisant, en en changeant les règles.
Cette nouvelle culture technologique se dessine dans les ruines de la technologie de masse. Il n'y a pas de marché pour une technologie vertueuse, il faudra alors utiliser ce que l'industrie de la big tech laisse trainer. Une batterie de trottinette en libre-service esseulée, le compteur électrique d'un tunnel de service, Un circuit électronique acheté sur AliExpress. Cette approche reflète le concept de post-capitalisme comme le présente J.K. Gibson Graham. Il ne s'agit pas d'un mouvement qui aurait lieu après l'effondrement du capitalisme, mais dans les marges de celui-ci, se nourrissant des effets de son activité.4

Les expérience auront lieu dans des espaces singuliers. Au milieu d'une forêt, sur le toit d'un immeuble, dans une ancienne bétonnière. Ces lieux seront choisi car ils permettront de pratiquer physiquement la technologie enseignée (se hisser en haut d'un toit pour émettre des ondes), mais ils auront aussi pour effet de désamorcer nos habitudes et préconceptions technologiques liées aux environnements de travail standardisés, et permettre de dessiner une nouvelle relation à celle-ci. C'est en ça que ce projet est une exploration du outdoor computing un courant esthétique qui met en relation les technologies de l'information et de la communication et les environnements extérieurs.

3 Produire des méthode de transmission reproductible et adaptable

L'objectif à long terme est de diffuser les savoir technique au maximum pour donner aux individus et communauté le pouvoir de se réapproprier leurs espaces de vie et de se défendre face aux oppressions des industries dominantes.5

Pour ça, il faut déclencher l'essaimage d'unités autonome d'échange et de réappropriation de savoir-faire. Les expériences de transmission réalisée par le Outdoor Computer Club doivent dessiner un ou plusieurs modèles de transmission qui pourront être réutilisé et réadaptés par d'autres individus/communautés.
Pour faciliter la réappropriation de ces moyens de transmission, il nous paraît necessaire de déconstruire les expériences de transmission traditionnelle (école) :

Ces expériences doivent être immersives, mais elles doivent aussi être facilement reproductibles. Il faut alors trouver des moyens pour que la préparation et la réalisation de ces moments de transmission se fasse le plus spontanément possible. Pour donner envie à quiconque d'en déclencher lui ou elle-même.

L'essaimage de savoir-faire doit accompagner l'éclosion d'espaces de vie (temporaires ou pérennes) autonomes, indépendants et propres à leurs habitant·es, à la fois dans le monde physique que virtuel. Elle accompagne aussi la résistance aux effets pervers d'une culture technologique dominante. C'est à travers la multiplication de ces espaces de liberté que s'opèrera un rapport de force pour faire face à l'état et à la big tech.

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  1. Schumacher, E. F. Small is beautiful: economics as if people mattered, 1973 . ↩︎

  2. Un macrosystème technique est un système technique de taille et de complexité très importante. La notion de macrosystème technique se fonde au départ sur les thèses de l'historien Thomas Parke Hughes exposées dans l'ouvrage au titre volontairement ambigu en anglais « Networks of Power » c'est-à-dire « réseaux de puissance énergétique » mais aussi de « pouvoir politique ». source ↩︎

  3. ILLITCH, Ivan, La Convivialité, 1973, Édition Seuil. ↩︎

  4. GIBSON-GRAHAM, J,K, The End Of Capitalism (As We Knew It) - A Feminist Critique of Political Economy 1996. ↩︎

  5. Ces oppression sont le contrôle social par la censure et la surveillance que le gouvernement exercent sur la population avec la complicité des géants de la technologie. Il s'agit de l'exploitation des comportements de les internautes par ces entreprises pour leur profit par la collecte de donnée et le crowdsourcing. C'est aussi la diminution de la capacité d'action des internautes au sein des grandes plateformes, la manipulation des esprits, l'économie de l'attention et la standardisation des moyens d'expressions. ↩︎

  6. DUMBAR-HESTER, Christina, Hacking Diversity - The Politics of Inclusion in Open Technology Cultures, PRINCETON UNIVERSITY PRESS, 2020] ↩︎