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Journal de bord

25 Avril 2023

Sans réponse de la part de coralie, on a mis le workshop d'electricité de côté pour commencer à bosser sur le workshop de radio FM. Ca fait deux semaines qu'on essaye de construire des circuits d'emetteurs et de recepteurs.
Pas aussi simple que prévu. La plupart du temps, après avoir passé 4 ou 5 heures à rassembler les composants et souder les circuits, au moment du test, ça ne marche pas. La premiere fois c'etait frustrant. Maintenant on s'y attend. C'est presque beau ces echecs. On fait face à la complexité, notre difficulté à réaliser correctement des circuits et surtout notre incapacité à les dépanner, ou a comprendre les endroits ou il est possible d'etre flexible (changer un composant par un autre). On a pas de formation d'electronicien·e ni d'ingenieur·e

C'est un peu ça le sujet au final : comment enseigner, à des néophytes, un savoir qu'iels pourraient vraiment se réappoprier et reproduire ?
Parceque construire un emetteur dont on s'est assuré du fonctionnement et avec les bons materiaux à disposition c'est interessant, mais ces conditions là ne se reproduiront pas. Les savoirs techniques qu'on aborde là sont des savoirs à tirroirs. On est pas obligé de tout comprendre pour faire, en suivant un tutoriel, un manuel. Mais pour re-faire, modifier, adapter, il faut comprendre un peu plus loin, suffisement loin pour pouvoir entreprendre une démarche experimentale face à la matière complexe (ici, l'electronique, mais aussi le code, les telecommunication, la physique, etc).
Pour le moment je ne sais pas quelle resistance changer pour augmenter le volume, je ne sais pas quel transistor utiliser pour remplacer celui que j'utilise à l'instant. Je ne peux pas adapter ce circuit a d'autre besoins ni le recomposer pour former de nouvelles technologies.

Quels niveau de compétences pour une réappropriation des technologies.

L'idée n'est pas necessairement de mettre tout le monde à un niveau de pseudo-ingénieur. Il s'agit plutôt d'accompagner à franchir le premier pas. Créer une curiositée et affuter un regard sur les objets au moins.
De manière réaliste, le niveau à atteindre pour être créatif sans trop de difficultés face à ces sujets et assez élevé. Je ne pense pas qu'il faudrait esperer de produire ça a l'issue d'un atelier evidement. Il faut plutot se concentrer sur la demystification de ces sujets, la culture des methodes d'apprentissage en autonomie (individuelle ou collective). Faire naitre des motivations.
Ce niveau de pseudo-ingénieur, comme horizon, doit être étudié. Les inventeurices que l'on espere voir apparaitre ne sont pas des ingénieur•es. Iels auront construit leur savoir faire technique simultanément avec leur culture politique, leurs savoir-vivre (ensemble) et leur militantisme. Ce sera un savoir faire non savant, plus libre et moins aigri que celui de la communauté scientifique. Il sera plus flexible et donnera naissance à des objets plus incertains, moins puissants, plus fragiles, mais plus efficaces en même temps, spontanés et adaptés.

Representer les savoirs à tiroir

Dans le cadre d'un workshop d'une journée, ça va être compliqué d'aprendre (en plus de la soudure, de la lecture d'un schéma, des principe de fonctionnement de base de l'emetteur) tout le savoir electronique necessaire pour rendre chacun•e relativement autonome (le rôle de chaque composants dans le circuits, les blocs de base, le transfert des electrons) et pourtant ce savoir et necessaire pour que l'atelier ne soit pas qu'un éveil à l'electronique et une experience rigolote.

On pourrait mettre à disposition les brochures, livres, liens necessaires pour approfondir la comprehension des principes techniques plus radicaux. Il faudrait alors articuler ces ressources, pointer les chapitres clefs, les prioritiser
On pourrait aussi produire, en parallele de l'atelier, une brochure exhaustive, qui rentre loin dans la technique.
Un néophyte pourrait cependant etre intimidé par un objet si copieux. Il faudrait alors trouver un moyen de rendre lisible les tirroirs. Chaque chapitre aurait des pages bleues, jaunes et oranges, il serait possible de lire les pages bleues de toute la brochure pour commencer. Un savoir accessible, qui aborderait les grands principes. Les pages jaunes approfondiraient les notions à chaque chapitre (précisions sur la composition d'un circuit, les grands blocs, le fonctionnement des antennes, théorie ondes electromagnétiques) et enfin les pages oranges seraient celles qui completent le savoir pour rendre autonomes les lecteurices (role de chaque composants dans le circuit, formules de calcul, principes physiques et electroniques en jeu, etc)

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Enseigner les pratiques d'auto-apprentissage

A mon sens, un des points communs entre les pratiques d'apprentissage des savoirs complexes (developpement, electronique, numérique) c'est le fait d'apprendre à apprendre. Le savoir s'aquiert pour la plupart en autonomie, sur le tas, pendant une tâche. En codant, on apprend l'existance de certaines fonctions dont on a besoin pour un projet particulier, et qui finissent par entrer dans notre bibliothèque de connaissance. Il faut etre capable de chercher correctement, avec les bon mots et dans les bons endroits. Il faut aussi etre capable de lire les documentations, qui aux premiers abords semblent austèrent et illisible, mais qui sont en fait la manière la plus synthétique et efficace d'avancer dans l'apprentissage (contre les tutoriels videos et les forums).
Cette enseignement doit apparaitre dans nos ateliers